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Plus de gel pour vous chauffer

La messe est dite, GDF Suez va facturer 290 millions d'euros à ses bienheureux clients pour compenser le gel du prix du gaz que l'ancien gouvernement avait imposé au quatrième trimestre 2011, et qui a été invalidé par le Conseil d'Etat.

Ainsi l'on nous dit que "Pour 7 millions de foyers (terme choisi...) chauffé au gaz, cela se traduira, en moyenne, par 40 euros de plus sur la facture" avant que vous n'ayez consommé quoi que ce soit, puisque GDF Suez réussit à se faire payer rétroactivement.

Vraiment, dans cette affaire, GDF Suez est trop bon, trop bienveillant, trop philanthrope. En témoigne son communiqué : "Suite à l'annulation par le Conseil d'Etat du gel tarifaire pour la période du 1er octobre 2011 au 1er janvier 2012, le Groupe va facturer 290 millions d'euros à ses clients sur une durée permettant de réduire l'impact sur leur pouvoir d'achat". Vraiment trop mignon. Reste à savoir ce que les smicards vont penser de cette bienveillance, quand ils vont la mettre en perspective avec leur augmentation de salaire décrétée par le gouvernement.

Encore une fois, le gouvernement et les medias racontent ce qu'ils veulent dans cette affaire.  Voici deux points importants qui sont bien peu commentés, surtout le deuxième. Premièrement, le gouvernement, pour faire passer la pilule, rappelle qu'il s'est "engagé à instaurer une tarification progressive de l'énergie et de l'eau, conformément à l'engagement du président François Hollande". Ainsi Ayrault vient de limiter la hausse du gaz à 2%. Ce qui n'est pas dit, c'est que GDF Suez va attaquer le gouvernement à propos de cette limitation, comme cela avait été fait pour le gel des prix, et, très probablement, obtiendra gain de cause. En clair cela veut dire qu'il faut s'attendre à de nouvelles et fortes augmentations, avec un gouvernement qui va dire "ce n'est pas de notre faute". Mais si justement ce sera la faute du gouvernement actuel, ainsi que des précédents.

Car, c'est le deuxième point, la vérité est que le prix du gaz ne cesse de baisser depuis 2008, en raison de l'abondance de la ressource. Le problème est que le prix du gaz est indexé sur celui du pétrole brut, sur le cours du Brent très exactement. Et il se trouve que cette formule scandaleuse est le fait de GDF Suez. Ainsi vous pouvez lire, sur energie.sia-conseil.com "En effet, les tarifs régulés de vente de gaz naturel pour les particuliers en France sont régis par une formule, proposée par GDF Suez, validée ensuite par la Commission de Régulation de l’Énergie, qui s’appuie sur une moyenne des indices pétroliers (fuel et Brent) et sur le taux de change Euro contre Dollar." Et pourtant GDF Suez pleure que ses coûts d'approvisionnement augmentent.

Une action gouvernementale courageuse serait, non pas de geler le prix du gaz ou de (faire semblant de) limiter son augmentation, mais d'imposer à GDF Suez de calculer le prix du gaz... sur le prix du gaz. Cela ne sera bien sûr jamais fait, les énormes dividendes réalisés grâce à la pernicieuse formule en arranger sans doute certains. Dommage... car si cela était fait, peut-être le consommateur serait-il en droit de réclamer des remboursements ?... avec effets rétroactifs !